Avez-vous jamais vû un général habile, rempli du dessein de surprendre
une place, annoncer à l’ennemi par tous ses mouvements sur qui l’orage alloit tomber ? En amour comme en guerre, demande-t-on jamais au Vainqueur s’il doit ses
succès à la force ou à l’adresse. Il a vaincu, il reçoit la couronne, ses vœux sont
comblés ; il est heureux ; suivez son exemple, et vous éprouverez le même fort.
Dérobez votre marche ; ne découvrez l’étendue de vos desseins que quand on nepourra plus s’opposer à leur succès, que le combat soit rendu et la victoire assurée
avant que vous ayez déclaré la guerre ; en un mot, imitez ces peuples guerriers
dont on n’apprend les desseins et les entreprises que par les ravages qu’ils ont laissés. (Ninon de Lenclos, 1623-1706, Lettres de Ninon de Lenclos au marquis de Sévigné)
Aucun écran de fumée, aucun leurre, aucune fausse sincérité ou autre
procédé de diversion ne pourra cacher vos intentions si vous avez déjà une
réputation établie de malhonnêteté. Avec l’âge et le succès, il vous deviendra
de plus en plus difficile de masquer votre ruse. Tout le monde sait que vous
pratiquez la supercherie ; en persistant à jouer les naïfs, vous courrez le
risque d’apparaître comme le plus parfait hypocrite, ce qui va considé-
rablement limiter votre marge de manœuvre. Alors il vaut mieux avouer,
apparaître comme un honnête voyou, ou mieux, un voyou repentant.
Non seulement vous serez admiré pour votre franchise, mais bizarrement
– ô miracle ! –, vous pourrez continuer vos agissements.
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