Le travail et l’emploi apparaissent comme deux termes interchangeables. De façon ordinaire, aujourd’hui, c’est l’emploi qui est le plus souvent utilisé pour désigner le travail… Travail et emploi seraient-ils de faux jumeaux ? D’un côté il y a les incroyables transformations du management contemporain, et de l’autre, l’invention de l’auto-entreprenariat comme forme moderne de l’emploi.
Patrick Boucheron revisite l’histoire à travers le prisme des grandes dates. En 1748, la redécouverte de Pompéi marque le commencement de l'histoire de l’archéologie, et de la construction d’un imaginaire du monde romain. Ne fait-on pas fausse route en cherchant dans la ville exhumée des cendres du Vésuve la conservation miraculeuse d’une cité romaine idéalisée ?
À l’approche du 20e anniversaire de la monnaie unique, une plongée dans son histoire, entre succès et désillusions, racontée par des acteurs et des témoins de premier plan de ce tournant de la construction européenne.
Deuxième monnaie la plus utilisée du monde (par quelque 341 millions de personnes chaque jour) derrière le dollar, l’euro constitue l’une des réalisations les plus tangibles de l’intégration européenne. Dès 1970, le plan Werner, du nom du ministre des Finances luxembourgeois Pierre Werner, prévoit une convertibilité réciproque totale et irréversible des monnaies des États membres de la Communauté économique européenne (CEE), préalable à la création d’une devise unique. La suspension, par le président américain Richard Nixon, de la convertibilité du dollar en or – qui signe la fin du système de Bretton Woods – conduit les pays membres de la CEE à adopter, en 1972, le “serpent monétaire européen”, un dispositif censé limiter les fluctuations des taux de change qui montre rapidement ses limites. Il faudra attendre le tournant des années 1990 pour que, sur la base du rapport Delors, les partenaires européens instaurent une Union économique et monétaire et se dotent, par étapes successives, de critères de convergence (établis en 1992, au terme d’âpres négociations, lors du traité de Maastricht) pour une Banque centrale européenne (BCE) et une monnaie commune. Depuis son entrée en vigueur, sous sa forme fiduciaire, le 1er janvier 2002, cette dernière a fait la preuve de sa stabilité, tout en essuyant la crise de la dette grecque, qui a failli avoir raison de la zone euro.
À la croisée des chemins
Ce documentaire émaillé d’images d’archives convoque des acteurs et des témoins de la naissance de l’euro (l’ancien ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, son homologue grec Yanis Varoufakis, l’ex-Premier ministre italien et président de la Commission européenne Romano Prodi, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui a occupé les mêmes fonctions, l’ancien président de la BCE Jean-Claude Trichet…) pour retracer son épopée, entre succès, désillusions et espoirs pour l’avenir. La crise du Covid-19 a ainsi engendré une solidarité inédite au sein de la zone euro, qui pâtit depuis toujours de la fracture entre Europes du Sud et du Nord et de tensions constantes entre intérêts communautaires et nationaux.
Réalisation :
Annalisa Piras
Producteur/-trice :
Taglicht Media Gmbh
Auteur.e :
Annalisa Piras
Pays :
Allemagne
Année :
2021
Un documentaire de William Karel et Blanche Finger
Une coproduction Arte France et Roche Productions
14 mai 1948. L’Etat d’Israël déclare son indépendance. Pour les uns, le rêve devient réalité. Pour les autres, l’exode commence.
Ce film raconte la genèse d’un conflit proche-oriental toujours au coeur de l’actualité. Des premiers projets de Theodor Herzl à la naissance mouvementée de l’état hébreu, des lendemains de la guerre israélo-arabe de 1948 à la guerre des Six-Jours en 1967, retour sur cette page cruciale de l’histoire contemporaine, à travers des images d’ archives et le regard croisé d’historiens, d’universitaires et de journalistes israéliens et palestiniens.
Soixante-dix ans après la création de l’État hébreu, Blanche Finger et William Karel retracent la genèse de cette "guerre sans fin", qui cristallise toujours les tensions au Proche-Orient. Les témoignages à la fois personnels et clairvoyants d’universitaires israéliens et palestiniens, qui ont vécu les événements de l’intérieur, se mêlent à de riches images d’archives – dont celles, poignantes, de l’exode des réfugiés – pour éclairer cette page cruciale de l’histoire contemporaine. Un documentaire limpide et mesuré, qui bannit la polémique au profit de la compréhension.
Première partie : 1897 - 1948
En 1896, Theodor Herzl, journaliste austro-hongrois inquiet de la montée de l’antisémitisme en Europe, publie L’État des juifs, dans lequel il prône la fondation d’un foyer national juif. La Palestine, destination définitivement élue par le mouvement sioniste en 1905, voit débarquer les premières vagues d’immigrants. Ils fondent les premiers kibboutzim, y cultivent les terres achetées aux Arabes. Initialement paisibles, les relations entre les deux communautés se tendent lorsque les Palestiniens réalisent que leur territoire est en train de leur échapper.
Quels mécanismes physiologiques et psychiques sont induits par la consommation d’alcool ? Quelle est l’influence de nos cultures et des industriels sur nos comportements et ceux des décideurs ? Cette grande enquête explore les raisons qui nous poussent à abuser de l’alcool, un fléau aux conséquences dévastatrices. Vertiges assurés.
À petite dose, elle met de bonne humeur et réduit l’angoisse. La molécule de l’alcool a en effet la particularité d’inhiber ou de stimuler un certain nombre de zones du cerveau, libérant de la dopamine, des endorphines ou de la sérotonine. Qui, pourtant, à l’exception de quelques scientifiques, la dénonce comme une drogue capable d’affecter nos 200 milliards de neurones ? Pas l’industrie de l’alcool, trop attachée à faire fructifier un marché en hausse de 1 300 milliards de dollars annuels. Ni les pouvoirs publics, lesquels, même s’ils appellent dans certains pays à le consommer avec modération, se réjouissent des taxes que l’alcool fait entrer dans les caisses de l’État, au détriment des coûts de santé à long terme, dix fois supérieurs en Allemagne, par exemple. Pourquoi laisse-t-on périr de ses ravages, chaque année dans le monde, 3 millions de personnes – bien plus que le nombre d’homicides, de morts sur la route et de décès imputables aux drogues illégales réunis ?
Enivrant marketing
Partant d’histoires individuelles (une supportrice anglaise de foot, un journaliste allemand renommé), Andreas Pichler (La planète lait) décrypte les mécanismes physiologiques et psychiques induits par la consommation d’alcool, avec l’appui d’experts : neuropsychopharmacologue, chercheurs en addictions ou professeur en psychologie cognitive. Il explore aussi l’influence de nos cultures et des industriels sur nos comportements et ceux des décideurs. De l'Allemagne à l'Angleterre en passant par l’Afrique, il met en lumière les pratiques commerciales agressives des grandes marques, en quête permanente de nouveaux marchés, quitte, comme le fait au Nigeria un grand brasseur, à recruter des prostituées pour vanter les mérites aphrodisiaques de sa bière. C’est en Islande, fleuron de l’ivresse traditionnelle, notamment chez les jeunes, qu’il achève sa captivante enquête. Aujourd’hui, les boissons alcoolisées n’y sont plus vendues que dans les magasins d’État, la publicité les concernant est interdite, et, surtout, on propose aux adolescents des alternatives procurant une ivresse naturelle telles que le sport, les activités créatives ou de groupe. Une nouvelle approche sanitaire qui semble encore loin de faire école.
Un film de Dorothée Frénot, Benoît Rossel
C’est un fléau qui touche déjà plus de 430 millions de personnes dans le monde et devrait frapper un adulte sur dix en 2040. Maladie auto-immune pour celui de type 1, liée à la malbouffe et à la sédentarité pour le type 2, le diabète se déclare sans prévenir. Malgré des promesses renouvelées de remèdes miracles depuis la découverte en 1922 du rôle de l’insuline dans la stabilisation du taux de glucose dans le sang, le traitement de cette maladie chronique du pancréas pâtit d’une obsession partagée par la communauté médicale et les laboratoires : celle du contrôle glycémique, qui pousse à accumuler les traitements médicamenteux en négligeant leurs effets secondaires parfois fatals. Les patients sont poussés dans une escalade thérapeutique, qui n’empêche en rien la progression d’une maladie entraînant amputations, cécité et accidents cardio-vasculaires. Alors que les arrêts de travail, les invalidités et le coût des traitements pèsent lourd sur les finances publiques, l'industrie pharmaceutique, elle, continue de prospérer grâce à la maladie : le diabète représente en effet un marché colossal de 46 milliards de dollars annuels.
Aux États-Unis, le coût élevé des traitements, laissé à la charge des malades, voit nombre d’entre eux privés de soins adaptés ou contraints à des arbitrages douloureux pour les financer. Si, en Allemagne, on commence à privilégier pour les diabétiques de type 2 un sevrage médicamenteux associé à une meilleure hygiène de vie, l’explosion des cas dans un pays comme le Sénégal fait craindre le pire pour l’avenir. Fruit d’une enquête sur trois continents, cet état des lieux approfondi et alarmant donne la parole à des patients, parmi lesquels le musicien Bertrand Burgalat, diagnostiqué à l’adolescence diabétique de type 1 et cofondateur de l’association Diabète et Méchant, ainsi qu’à des experts de la santé, des chercheurs et des médecins. Il ouvre aussi des pistes prometteuses pour améliorer la prise en charge des malades.
En 1981, dans un pays miné par la récession, Ronald Reagan devient le 40e président des États-Unis. La postérité a laissé de l’ancien acteur de série B l'image désastreuse d’un chef d'État incompétent et gaffeur. Mais il fut aussi un orateur remarquable qui, grâce à son intuition politique, a fait de sa présidence un véritable blockbuster. Si, d'emblée, ses lacunes éclatent au grand jour, ses conseillers profitent d’un attentat raté pour scénariser avec soin ses apparitions ultérieures. Fort d'une popularité solide, il procède alors à la plus forte hausse d’impôts de toute l’histoire des États-Unis en raison d'un déficit abyssal, puis surfant sur une reprise économique qui n’est pas de son fait, se fait réélire triomphalement, afin d'attaquer son ennemi de toujours, le communisme. Et quand le scandale Iran-Contra (des ventes d'armes illégales à la République islamique pour financer la guérilla antisandiniste au Nicaragua) rattrape son administration, il entreprend de mettre fin à quarante ans de guerre froide, face à un Gorbatchev prêt à toutes les concessions
Adopté au Canada en 1876, l’Indian Act avait pour but de faire des Amérindiens des citoyens de seconde zone séparés de la population blanche, et de sédentariser un peuple nomade pour mieux contrôler ses territoires et ses ressources. Un génocide culturel, des générations d’enfants violentés : une enquête implacable sur l’origine des traumatismes qui hantent les communautés autochtones du Canada.
"Ils nous ont détruits parce qu’ils voulaient notre terre. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? J’étais juste un enfant." Dans les deux mille réserves amérindiennes du Canada, les communautés des Premières Nations tentent de survivre aux traumatismes causés par la politique d’acculturation du gouvernement. Adopté en 1876, l’Indian Act avait pour but de faire de leurs membres des citoyens de seconde zone séparés de la population blanche, et de sédentariser un peuple nomade pour mieux contrôler ses territoires... et ses ressources. L’Église et l'État ont tenté de faire des enfants amérindiens de "bons petits chrétiens" et de les "civiliser" en les enfermant dans des "pensionnats autochtones", dont le dernier n'a fermé ses portes qu'en 1996. Des générations de filles et de garçons furent arrachées à leurs parents et victimes de tortures (notamment à la chaise électrique) et de viols. L’alcoolisme, la toxicomanie, les féminicides et les vagues de suicides qui frappent aujourd’hui les Amérindiens en sont les conséquences directes.
Les racines du mal
C’est un tabou à l’échelle du Canada : gigantesque, profond, glacial. Alors que quelques procès sont intentés, les défenseurs des Amérindiens se sont aperçus avec stupeur que le gouvernement falsifiait les preuves et effaçait des archives le nom des présumés coupables. Dénonçant un véritable génocide culturel, le film de Gwenlaouen Le Gouil (Rohingya, la mécanique du crime) se veut un voyage initiatique aux racines du mal qui ronge les cultures amérindiennes. Malgré la sidération que provoquent les faits qu’il éclaire, malgré la parole de ceux dont l’identité est battue en brèche, Tuer l’Indien... ne bascule pas dans un dolorisme sans espoir. Une nouvelle génération de combattants est apparue aux côtés des survivants, gardiens de la mémoire disposant d’outils plus modernes pour défendre leur dignité face à un gouvernement au cynisme inchangé.
Réalisation :
Gwenlaouen Le Gouil
Pays :
France
Année :
2020
Comment une campagne de désinformation financée par l'industrie pétrolière a noyauté la mobilisation pour lutter contre le changement climatique. Menée principalement aux États-Unis, une enquête danoise implacable.
En 1988, l'universitaire et chercheur James E. Hansen alerte le Sénat américain : pour lui, il est indéniable qu’il existe un lien entre l’effet de serre et le changement climatique. Convaincus, les responsables politiques sont déterminés à agir pour réduire les émissions de CO2. Trois décennies plus tard, ce combat a peu avancé. Que s’est-il passé ? Financés par des compagnies pétrolières comme Exxon Mobil, via des think tanks américains, des pseudo-experts, cornaqués par une poignée de scientifiques aux motivations suspectes, ont méthodiquement semé le doute sur ce qui faisait l’objet d’un consensus scientifique. Un travail de sape servi sur un plateau (télévisé) face à des journalistes complaisants ou mal informés. Invités à débattre, des pros de la communication aux formules chocs pulvérisent les arguments de chercheurs décontenancés face à une avalanche de contre-vérités.
Sabotage
Cette enquête danoise, qui emprunte les codes des séries criminelles, remonte le fil de cette escroquerie intellectuelle en interrogeant, notamment, ces lobbyistes américains – dont certains ont effectué par le passé la même besogne d'"enfumage" pour les géants du tabac. Défilent à l'écran Jerry Taylor, qui a cessé d'opérer pour l'industrie, et en dévoile les pratiques, l'ex-VRP Marc Morano, à l'impressionnant débit de mitraillette (fort utile pour coller au court format cathodique), ou le retors Myron Ebell, promu conseiller climat de Donald Trump. Professeure à Harvard, Naomi Oreskes raconte, elle, comment, en 2004, un article démontrant le consensus scientifique autour de l'influence des activités humaines sur le réchauffement climatique lui a valu pressions, mails haineux et menaces du lobby climatosceptique. Le documentaire démonte les liens opaques entre les groupes pétroliers et les think tanks, et souligne les conflits d'intérêts qui minent les grandes universités américaines, financées en partie par des fonds privés venant de ces mêmes compagnies. Aujourd'hui, celles-ci prétendent soutenir le combat environnemental. Mais l'extraction d'énergies fossiles représente toujours en moyenne 95 % de leurs investissements… L'histoire, solidement argumentée, d'une occasion manquée, ou plutôt sabotée.
Réalisation :
Mads Ellesoe
Pays :
Danemark
Année :
2020