On voudrait pouvoir le dire simplement : parmi les contemporains, on n’a jamais rien lu de si grand que Solénoïde, de Mircea Cărtărescu - superbement traduit par Laure Hinckel. Tout y est. Et encore le reste. Tout s’y trouve qu’on ne savait plus avoir perdu. Tout ce qu’on n’imaginait même pas possible du livre. Que peut la littérature face aux trous noirs ? Peut-être rien. Et c'est pourquoi Cărtărescu est le grand maître de « l’art de ne pas écrire de livres ». Un immense génie.
Bien sûr, vous devez tout lire. Mais en attendant, on partage le chapitre 20 de Solénoïde, si beau, si troublant, si parfait, comme toutes ses autres pages.
« Chacun portera entre ses bras sa propre peau écrite recto verso, dont le Seigneur fera, en les assemblant entre les couvertures de la naissance et de la mort, le grand livre de la souffrance humaine.
Une de ces pages, voilà ce que cet écrit devrait être, une des milliards de peaux d’hommes couvertes de lettres infectées, suppurantes, du livre de l’horreur de vivre. Anonyme et identique à toutes les autres. Car mes anomalies, même très inhabituelles, sont loin d’égaler l’anomalie tragique de l’esprit revêtu de chair. Et ce que je voudrais que tu lises sur ma peau, toi qui ne le liras pourtant jamais, ce serait seulement un cri un seul répété à chaque page : « Fuis ! Cours ! Rappelle-toi que tu n’es pas d’ici ! » Je n’écris pourtant même pas pour que quelqu’un lise ça, mais pour tenter de comprendre ce qui m’arrive, dans quel labyrinthe je me trouve, à quel test je suis soumis et comment je dois répondre pour en réchapper vivant. En écrivant sur mon passé et sur mes anomalies et sur ma vie translucide à travers laquelle on voit une architecture pétrifiée, j’essaie de déchiffrer les règles du jeu dans lequel je me suis retrouvé, de distinguer les signes, de les mettre bout à bout et de voir vers quoi ils tendent, et de me diriger dans cette direction. Aucun livre n’a de sens s’il n’est pas un Évangile. Le condamné à mort pourrait bien avoir les murs de sa cellule couverts de livres tous exceptionnels, mais ce qu’il lui faut, c’est un plan d’évasion. »
Musiques :
- Dalibor Baric, The Needle Touches the Cylinder : https://youtu.be/7FEThlIJL_s
- Dalibor Baric, Antireality : https://youtu.be/uHna8FQ9cTA
#livreaudio #LAPNJD
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https://www.youtube.com/watch?v=Mr_EfY9QgKg
Lecture de la nouvelle de M. Yourcenar « Comment Wang-Fô fut sauvé » (in Nouvelles orientales).
Le texte est disponible en ligne ici : http://philofrancais.fr/m-yourcenar-wang-fo-fut-sauve
Court-métrage réalisé par René Laloux en 1987 : https://youtu.be/h7uPlgPsRzw
#LivreAudioPourNeJamaisDormir
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https://www.youtube.com/watch?v=uP6Cl1_rfNE
Un poème monstrueux inédit, écrit à trois mains par S. Weil, Lautréamont et M. Cartarescu.
Musique : Dalibor Baric, Coral song https://www.youtube.com/watch?v=bMFzOGtUTGI
Bruits : radioglaces
Vidéos : volées sur instagram à différents compte de microbiologie
#Teratologie #Teratopoiesis #Uneminuteunpoème #LAPNJD
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https://www.youtube.com/watch?v=boIcCGSvDNo
— Oui, les Sauvages disent : "nous voulons la multiplication du multiple", c'est-à-dire la multiplication des sauvages. Le syndicalisme révolutionnaire se rappelle au congrès de la CGT. Et nous marchons dans la ville à nouveau sauvage. Camarade, la seule beauté qui mérite d'être sauvée, la seule beauté qui nous sauvera de ce monde, le seule beauté qui encourage et mérite qu'on y prenne part, elle est en ce moment dans la rue.
Muriel Morand. Congrès de la CGT hier : « La période de mobilisation que nous vivons autour des retraites a une ampleur inédite depuis des décennies. Les appels à la grève ou aux manifestations « saute-moutons » ne peuvent répondre à l’exigence d’en découdre exprimée par des millions de travailleurs. Aujourd’hui, la majorité des actions se font à l’initiative de syndicalistes cgtistes, de salariés, de jeunes. Mais rappelons-nous que nous sommes, au moins au début, restés spectateurs devant le mouvement des Gilets Jaunes. Depuis, un certain nombre de grèves se sont organisées sans la CGT à travers le pays. Rechercher l’unité syndicale ne se fera qu’à une certaine renonciation de notre identité. Or les travailleurs nous reconnaissent comme le seul syndicat combatif. « Nous connaissons tous le risque que certains syndicats se défilent dans le mouvement actuel. Et c’est d’ailleurs ce que nous voyons avec les dernières déclarations de Berger. — Camarade Philippe Martinez, qui t’a donné mandat pour parler de « médiation » alors que les travailleurs sont dans la rue ? Nous avons tout à gagner à participer à toutes les assemblées, actions qui se créent. Et même à les impulser. Nous avons tout intérêt à être les meilleurs défenseurs de la démocratie ouvrière. La confédération se doit d’organiser et de centraliser toutes les formes de luttes. Depuis une semaine les forces de l’ordre répriment avec une violence aveugle les salariés, les jeunes mobilisés, ainsi que les militants syndicaux. Les réquisitions brisent le droit de grève. La CGT se doit d’organiser la riposte face à la répression, à la guerre ouverte que nous mène la bourgeoisie. Aucune réquisition ne doit plus être possible ! Ne nous laissons pas entrainer dans les illusions institutionnelles de référendum, ou d’interpellation du Conseil Constitutionnel. Ne renvoyons pas à un demain très lointain, alors que notre force est ici et maintenant ! Nous devons être à la hauteur des origines révolutionnaires de notre syndicat. Nous ne voulons pas devenir un syndicat de concertation ou d’accompagnement à la remorque de la CFDT ! Il y a aussi une dimension internationale à notre mouvement. D’abord parce que partout dans le monde les travailleurs nous regardent. Mais aussi parce que l’Angleterre est au bord de la grève générale. Et ensuite parce que ce lundi a commencé une grande grève dans les transports en Allemagne. Nous devons aller vers une action commune avec les travailleurs de ces pays. Si nos grèves prennent un caractère international construit, voilà qui devra affoler les classes dirigeantes et les gouvernements - et donc nous renforcer ! Il y a urgence : urgence pour le monde du travail, urgence pour la planète qui est en train de crever avec ce système de pillage qu’est le système capitaliste. Aujourd’hui, les mots d’ordre du mouvement reflètent la conscience collective d’un rejet du système capitaliste. La double besogne n’a jamais été autant à l’ordre du jour qu’actuellement. Et c’est le moment d’affirmer haut et fort : l’arme des travailleurs, c’est la grève ! Et il faut de toutes nos forces construire la grève générale ! »
#grevegenerale #macron #toutniquerdevientvital #toutcramerméthodiquement
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https://www.youtube.com/watch?v=S8QtadUjskI
« Of course all life is a process of breaking down » / « Toute vie est bien entendu un processus de démolition ». Peu de phrases, écrit Deleuze dans Logique du sens, résonnent autant dans notre tête avec ce bruit de marteau. Peu de textes ont ce caractère irrémédiable de chef-d'œuvre, et d'imposer silence, de forcer un acquiescement terrifié, autant que la courte nouvelle de Fitzgerald. Toute l’œuvre de Fitzgerald est l’unique développement de cette proposition, et surtout de son « bien entendu ».
Lecture de la nouvelle de F. S. Fitzgerald, publiée en 1936 en trois temps sous le titre «The Crack Up». En dehors du premier paragraphe, lu dans la traduction Aubry, le reste est lu dans la traduction de Marc Chénetier. #LivreAudio #LAPNJD
Musique : Julien Lourau, album The rise, « Tu Mi Turbi intro » et « Tu mi Turbi » https://youtu.be/idHOScinCQ8
00:11 : I. La fêlure
15:33 : II. Recoller les morceaux
29:05 : III. Manier avec précaution
42:19 : Musique de Julien Lourau « Tu mi Turbi » https://youtu.be/idHOScinCQ8
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https://www.youtube.com/watch?v=XaBZOxDpJ7w
Extrait de Stalker, de Tarkovski.
« Vous devez seulement vous concentrer et vous rappeler votre chemin de vie. Quand on pense à son passé, on devient meilleur ».
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https://www.youtube.com/watch?v=Yy8V_BaLY-g
Lecture d'une réplique d'Hamlet à Guildenstern, Acte II, scène II dans la traduction de Bonnefoy.
« J’ai depuis peu, pourquoi je n’en sais rien, perdu toute ma gaieté, abandonné mes habituels exercices ; et de fait mon humeur est si désolée que cet admirable édifice, la terre, me semble un promontoire stérile, et ce dais de l’air, si merveilleux n’est-ce pas, cette voûte superbe du firmament, ce toit auguste décoré de flammes d’or, oui, tout cela n’est plus pour moi qu’un affreux amas de vapeurs pestilentielles. Quel chef d’oeuvre que l’homme ! Comme il est noble dans sa raison, infini dans ses facultés, ses mouvements, son visage, comme il est résolu dans ses actes, angélique dans sa pensée, comme il ressemble à un dieu ! La merveille de l’univers, le parangon de tout ce qui vit ! Et pourtant que vaut à mes yeux cette quintessence de poussière ? L’homme n’a pas de charme pour moi, non, et la femme non plus, bien que votre sourire semble insinuer le contraire ».
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https://www.youtube.com/watch?v=USSlcJR2u8w