Fini
Fini le temps où on pouvait se regarder parler des heures, enfin plutôt que j’écoutais et que tu me racontais ton bonheur, tes peurs, et ta vie entière avec ton âme-sœur.
Le temps est un doux songe dont on ne se souvient plus, un mensonge des sens qui n’en peuvent plus, dans lequel on replonge parfois par nostalgie du vécu.
Fini
Fini l’époque où on se faisait découvrir la poésie de nos souvenirs intimes, ceux qui ouvrent le cœur de l’anonyme qui s’exprime, pour en laisser sortir le plus sublime.
La poésie est en toute chose, tout être, pour un peu qu’on ose la reconnaître, elle dépend du regard qui l’observe sans la compromettre, qui lit la prose à travers la fenêtre.
Mais qui
Qui s’attendait à ça, à une telle nouvelle, à voir la fin de l’histoire avant qu’on ait fini de parler d’elle ? Tout disparaît en un fugace appel.
L’histoire a beau commencer de la meilleure des manières, rien n’est éternel sur ce caillou perdu dans un coin de l’univers, aucun récit, aucune fable, de la première à la dernière.
Si loin
Loin de toi désormais s’agite ma vie amputée d’une partie de moi, quel sentiment étrange que le vide silencieux de mes pensées d’autrefois, tu es parti.e sans vraiment savoir pourquoi.
Le vide se permet d’intervenir pour combler la perte, son intention est bienveillante malgré son existence déserte, il m’aide simplement à me souvenir combien tu étais une splendide découverte, que je n’ai pas su assez contempler... Certes…

Certes

Là-haut
Au sommet de la colline je regarde le soleil passer derrière l’horizon, le temps s’est arrêté, le temps d’une contemplation, et je vois le nouveau chapitre s’ouvrir avec compassion.
L’horizon nous cache ce qu’on ne veut pas voir, et sans qu’on sache comment le concevoir, il finit par nous apparaître comme une fragile bougie vacillant dans le noir, nous donne envie d’avancer, de reprendre le pouvoir.
Ailleurs
Ailleurs tu ne serais peut-être pas parti.e comme ça, mais ailleurs tu n’aurais pas vécu cette vie là, je n’aurais pas connu ton visage, ta voix, ton regard ou tes bras.
Le regard que tu portais sur la vie avait cette saveur de jeune printemps, tu me l’as appris comme je t’ai appris à savourer l’instant, aujourd’hui j’ouvre enfin les yeux sur un paysage magnifiquement différent, sans toi certes mais avec la conviction que tout est possible autrement.
Enfin
Enfin libre de tout regret, tout ressentiment, toute amertume, je détache les chaînes lourdes des remords de mon humble costume, j’apprécie la nostalgie bienveillante de l’amour posthume.
La nostalgie nous fait apprécier le passé comme un trésor englouti, comme on apprécie l’heureux dénouement d’une histoire aboutie,
...
https://www.youtube.com/watch?v=X2Hhl7Y-Thw