Sous-titré Entre la défense et la vérité, il peut y avoir un fossé, ce film de Serge Garde revient sur l’épisode judiciaire d’Outreau, qui s’inscrit dans la préoccupation de l’auteur à l’égard des victimes de la pédophilie. Le film qui recueille des témoignages des protagonistes de l’affaire vise à montrer que Outreau et ses dysfonctionnements sont d’abord une injustice faite aux enfants. Dénonçant le rôle des médias, il se veut « un décryptage d’une manipulation de l’opinion publique » et suggère au passage que l’affaire a fait l’objet d’une « instrumentalisation par le pouvoir politique dans le but de supprimer la fonction de juge d’instruction ». Il voudrait « inciter les acteurs de la justice et les journalistes à réfléchir sur les effets pervers de la médiatisation lorsqu’elle condamne les victimes au silence ».
Le documentaire montre la pugnacité des avocats de la défense et l’influence qu’ils ont eue auprès des médias. Ce film, qui inclut le point de vue des victimes, tient son titre du fait que si la vérité judiciaire s’applique aux acquittés, elle se doit aussi d’être appliquée aux victimes qui ont été reconnues telles par la justice pour viols, abus sexuels et proxénétisme. L’expression « Autre vérité » marque ce double aspect.
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Éric Dupond-Moretti, avocat d’une des accusées de l’affaire Outreau, juge le film « poisseux » et « visqueux », accusant notamment le réalisateur de n’avoir rencontré ni les accusés, ni leurs avocats. Pour Me Dupond-Moretti, « il y a toujours un doute pour les gens qui voient le complot partout, il y a toujours des gens qui pensent que les tours du World Trade Center ne se sont pas effondrées. Ce film est d’une absolue malhonnêteté […] Dans ce film partial s’engouffre le juge Burgaud, qui vient se faire réhabiliter à peu de frais ».