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30 Jun 2021 20:28:25 UTC
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KENDO-MULHOUSE
La dernière heure
L’attention première d’un samouraï, quelque soit son rang, doit être portée à son attitude devant la mort. Bien que toutes ses paroles soient parfaitement raisonnables et qu’il soit estimé comme un homme sagace et plein d’esprit en temps ordinaire, si un samouraï perd son sang-froid et la raison à la dernière heure – c’est-à-dire que sa posture dans cette dernière heure soit inconcevable – les bonnes actions qu’il a faites dans le passé ne serviront à rien .
Il serait considéré, alors, avec dédain par les hommes les plus sages, et l’effet en serait bien à sa honte.
Un samouraï, s’il a pu acquérir un grand honneur par sa conduite héroïque sur le champ de bataille, c’est parce qu’il a appris au fond la vive résolution de mourir à la guerre.
C’est ainsi que si par malheur il perd le combat et qu’il est obligé de livrer sa tête, il manifestera hardiment son nom à l’appel de l’ennemi et mourra en souriant, sans aucune vile allure.
Quand il sera grièvement blessé, si gravement qu’aucune opération chirurgicale ne puisse le guérir, s’il a sa connaissance, il parlera correctement devant ses supérieurs et ses pairs et mourra avec sang-froid, se rendant bien compte de l’état de sa blessure. Voilà la vertu première d’un samouraï.
Si l’on se rend bien compte de ce fait, même en temps de paix, un samouraï bien qu’il soit jeune, sans parler de ceux qui sont âgés, s’il devient malade, doit prendre la résolution de ne laisser aucune inquiétude après sa mort. S’il occupe une position importante, ou moindre, il invitera son supérieur, pendant qu’il est encore capable de parler, pour lui dire sa reconnaissance pour la bienveillance que ce dernier lui a accordée.
Il exprimera le regret que bien qu’il eût souhaité de lui rendre service encore, il en sera sans doute incapable car il est gravement malade et ne peut plus espérer la guérison.
Il lui dira aussi combien il le regrette, mais comme il n’y a plus rien à faire il le remerciera simplement des bienveillances dont il a bénéficié jusqu’à ce jour et le priera de transmette ses paroles au Roju (chef des serviteurs du seigneur).
Cela fait, il fera ses adieux à ses parents et à ses amis.
Enfin, il appellera son fils . Il lui expliquera que pour mourir par suite de maladie, bien que ce soit dans des circonstances où tous lui accordent leur bienveillance, ne s’accorde pas avec le désir du vrai samouraï, mais que sa mort est inévitable. Il lui dira par exemple : « Toi, bien que jeune, tu persévèreras bien dans ma ferme résolution envers le suzerain et surtout tu seras résolu à lui être utile en cas de grands événements. Sois toujours loyal, fais de ton mieux pour le servir. Si tu ne respectes pas ma volonté, tu seras déshérité alors même que je serai dans le tombeau ».
Dire sévèrement de telles paroles avant la mort s’accorde avec la vertu du véritable samouraï.
Un saint (Confucius) a dit que les paroles prononcées au moment de la mort sont dignes d’être vénérées.
Telle doit être la mort d’un samouraï.
Cependant, si un samouraï, ne se rendant pas compte que sa maladie est incurable, ne pense pas sérieusement à la mort, s’il accueille volontiers ceux qui lui disent que sa maladie n’est pas grave, s’il déteste ceux qui disent la vérité et fait opposition au médecin pour recourir à des superstitions inutiles, enfin s’il perd la tête et ne fait qu’aggraver sa maladie et meurt sans laisser aucun testament, cette mort sera semblable à celle d’une chien et d’un chat. Ce serait l’échec définitif de toute sa vie, l’échec même que j’ai dit au début de ce chapitre.
Celui-ci a oublié sans doute de garder constamment la pensée de la mort dans son cœur. Lui-même voyant avec chagrin la mort d’autrui, avait cru que lui seul était capable de vivre longtemps dans ce monde.
C’est un vrai contresens sur la mort dû à l’esprit d’avarice et à l’amour de la vie.
Avec de telles dispositions, on ne pourra jamais espérer qu’un samouraï meure glorieusement pour son suzerain sur le champ de bataille.
C’est ainsi qu’on peut dire qu’un samouraï doit savoir que mourir par suite de maladie sur le tatami est l’affaire la plus importante de sa vie.
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