Auteur : Jean Boulbet (EFEO). Réalisateurs : Jean-Pierre Barry (Mission culturelle française de Saigon), Jacques Fabre (Mission culturelle française de Saigon). Année de production : 1963. Durée : 31 mn. Mots-clés : ethnologie, vie quotidienne, artisanat, Vietnam Résumé des réalisateurs (1963) : une tribu proto-indochinoise du Sud-Vietnam vit dans la forêt et par la forêt. Dans les villages, tout au long de l’année, les montagnards, par des techniques variées, fabriquent ce dont ils ont besoin. Le film présente successivement les techniques se rapportant à la poterie, la sparterie, la vannerie, la forge, le tissage, la construction de l’habitat, etcCe beau film ethnographique a été tourné en 1962 et produit en janvier 1963 par Jean-Pierre Barry et Jacques Fabre (Mission culturelle française de Saigon). L'auteur et conseiller scientifique est l‘ethnologue Jean Boulbet (alors responsable du parc de la Conservation d‘Angkor). Son expertise fut appuyée par celle des R.P. G. Boutary et R.P. H. Moriceau (Missions étrangères de Paris) et de Georges Condominas (directeur d‘étude EHESS). La musique cau maa' fut enregistrée par le R.P. Boutary et Jean Boulbet. Le SFRS (Service du film de la recherche scientifique-Centre français de ressources et d‘informations sur les multimédias pour l‘enseignement supérieur) créé dans les années 1960, fut renommé en 2000 CERIMES (Centre de ressources et d‘information sur les multimédias pour l‘enseignement supérieur), puis supprimé en 2014. Ses collections ontété transférées à Canal Universitaire (www.canal-u.tv) et son fonds documentaire confié à la Fondation de la Maison des Sciences de l‘Homme. A l‘époque de ce film, Jean Boulbet ethnographiait les Cau Maa‘ depuis 1947 (soit 16 ans). Ses recherches donnèrent lieu à de nombreuses publications. Les Cau Maa‘, ou « Hommes authentiques » dans leur langue, c‘est-à-dire les descendants des premiers hommes, formaient une société à système de groupes de parenté indifférenciés et à tendance patrilinéaire, et vivaient en autarcie dans la boucle du fleuve Donnaï, district de Blao, à 120 km à peine au nord-ouest de Saigon, dans de longues maisons de bois et bambou sur pilotis. Restés insoumis à toute autorité administrative jusque dans la décennie 1950, ils pratiquaient la culture du riz par essartage, améliorée du produit de la cueillette, de la chasse et de la pêche. Les Cau Maa‘ font partie des sociétés autochtones ou proto-indochinoises, qu‘ils nomment eux-mêmes Kon Cau, c‘est-à-dire « Fils d‘Homme » ou « Descendants du Premier Homme », vus depuis les temps de la Genèse. Celles-ci représentent plus de 57 groupes ethnolinguistiques différents qui peuplent ce que les Maa‘ appellent Nggar Yaang ou le « Domaine des génies », et que les anciens auteurs nommaient l‘Hinterland moï (francisation du terme vietnamien mọi pour « sauvage, barbare »), région des hauts plateaux forestiers et herbeux du centre et sud Vietnam, sud du Laos, et est du Cambodge. On les connaît aussi sous les exonymes « Montagnards », « Pemsiens », « Aborigènes », «Autochtones », au Laos, sous le nom péjoratif de kha « esclaves »,et au Cambodge sous celui de phnong « sauvages ». La guerre d‘Indochine menée par les Français de 1946 à 1954 avait peu touché les Proto-Indochinois, le gros des combats étant menés plus au nord ou au sud. À partir de 1963, la guerre américaine du Vietnam a fini par rattraper les Proto-Indochinois et les Cau Maa‘, par des regroupements forcés hameaux stratégiques « protégés » de fils de fer barbelés, et par des bombardements d‘artillerie ou d‘aviation massifs et aveugles, sans compter les défoliants (agent orange) et le napalm destructeurs du couvert forestier resté jusqu‘ici préservé, de sa faune et de ses habitants humains tels les Cau Maa‘. En 1962 les villageois ne pouvaient plus se déplacer sans risque à plus de quelques centaines de mètres de leur village... L‘essentiel de ce qui exprimait la merveilleuse esthétique maa‘, leur culture riche et millénaire, leurs créations délicates, avec la forge, le métier à bras, le tour à potier ou la littérature orale, le décor forestier de leurs forêts denses primaires n‘était déjà plus accessible. Le peu de ce qu‘on peut entrevoir, grâce à ce film et à un second du même auteur (Oh ! Mère paddy) témoigne de cette culture cau maa' et de l‘ensemble des sociétés proto-indochinoises depuis le début de la présence française en Indochine. Du fait de la rareté des témoignages filmiques, cela représente un trésor inestimable. Référence SFRS-CERIMES : https://www.canal-u.tv/video/cerimes/en_pays_maa.9148 Le livre qui correspond au film En pays maa‘ est Pays des Maa‘. Domaine des génies. Nggar Maa‘, Nggar Yaang. Essai d‘ethno-histoire d‘une population proto-indochinoise du Vietnam Central" (Paris, EFEO, “Publications de l‘EFEO”, LXII, 152 p, pl. photo. h.-t., cartes h.-t., 1967, publication du diplôme de Jean Boulbet à l‘école pratique des Hautes études (directeur G. Condominas, rapporteur Claude Lévi-Strauss).