Big Pharma, c’est le titre d’un documentaire de grande qualité qui sera diffusé mardi prochain sur Arte, et qui a pour objet l’un des plus puissants lobbys économiques de la planète, à savoir l’industrie pharmaceutique. Alors que les plus grands laboratoires mondiaux, le géant français Sanofi, les Suisses Novartis et Roche et les Américains Johnson & Johnson, Pfizer ou Gilead se battent aujourd’hui pour trouver un traitement et un vaccin contre le Coronavirus. Cette enquête éclairante, réalisée avant la crise sanitaire du moment, fruit d’un an de travail, fait froid dans le dos et jette un pavé dans la mare de la politique de santé publique. Luc Hermann, réalisateur.
C'est difficile de trouver un interlocuteur dans ces entreprises, qui embauchent pourtant 100 000 employés. On peut imaginer que parmi eux, une personne va accepter de répondre à une interview mais ce sont les services juridiques et pas les services de communication qui vous répondent, par écrit. C'est une forme d'intimidation, pas de pression, mais c'est très frustrant.
Sur les réseaux sociaux, Mal traités est présenté comme le nouveau Hold-up. Ce documentaire en ligne sur internet depuis lundi 7 décembre 2020 accuse le gouvernement d'avoir sciemment écarté les traitements efficaces contre le coronavirus.
Après Hold-up, un nouveau documentaire divise les internautes et la communauté scientifique. Il s'agit de Mal traités, un documentaire disponible gratuitement en ligne depuis lundi 7 décembre 2020, qui revient sur la pandémie du coronavirus et accuse les pouvoirs publics d'avoir refusé de mettre en avant des traitements efficaces pour des raisons économiques. Ce documentaire déjà visionné plus de 500 000 fois cherche à prouver pendant près d'une heure et demie que l'hydroxychloroquine défendue par le docteur Raoult, le zinc ou la vitamine D ont été sciemment écartés sans raison valable.
Contrairement à Hold-up, ce film s'éloigne des théories du complot et s'appuie sur des débats légitimes concernant les traitements du Covid-19, mais met néanmoins en avant certaines preuves scientifiques non vérifiées. De quoi diviser la communauté scientifique et les internautes comme lors de la sortie de Hold-Up qui avait fait un véritable buzz.
Un ancien présentateur à la réalisation
C'est Alexandre Chavouet, un ancien présentateur qui a travaillé sur le Hit Machine ou Star Six Music, qui est à l'origine de cette production déjà partagée par le sociologue Laurent Mucchielli, ou sur le site du lobby citoyen BonSens sur leurs réseaux sociaux. L'ex-animateur, qui se décrit sur son site comme "un producteur de documentaires inspirés" a fait intervenir dans son documentaire de nombreux médecins, pharmaciens ou professeur comme le très controversé Christian Perronne. Chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches, ce dernier rencontré un joli succès en librairie avec son livre sur la gestion du Covid-19, Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ? (Éd. Albin Michel).
La crise sanitaire actuelle relègue dans l’ombre une autre problématique de santé publique à l’échelle mondiale. Avec le diabète, maladie sournoise en progression continue, les enjeux de santé cohabitent avec des enjeux économiques gigantesques. Cette maladie coûte 760 milliards de dollars américains par an, somme colossale qui affecte, de fait, la productivité des pays.
Ce documentaire instructif nous emmène de Baltimore à Dakar, de Düsseldorf à Indianapolis en passant par Copenhague. Il y est question de traitements lourds et coûteux, de scandales touchant l’industrie pharmaceutique, mais aussi d’espoirs dans de nouveaux modes de soins.
Lire aussi : La moitié des diabétiques ne pourront pas se payer d’insuline d’ici à 2030
Parmi les témoins interrogés, entre chercheurs, médecins, patients, ancien membre de la FDA (Food and Drug Administration) américaine ou représentant de la Haute Autorité de santé française, on trouve Bertrand Burgalat. Le musicien et producteur, diagnostiqué diabétique de type 1 à l’adolescence, raconte avec pudeur et clarté son quotidien dans un livre (Diabétiquement vôtre, Calmann-Lévy, 2015) sur lequel les auteurs de ce documentaire se sont appuyés.
Si Burgalat est atteint du type 1 (défaillance du pancréas qui ne produit plus d’insuline, hormone permettant de réguler le taux de sucre), 90 % des diabétiques dans le monde souffrent du type 2. Alimentation trop grasse, trop sucrée et sédentarité provoquent des dégâts considérables, avec un pancréas qui secrète trop d’insuline et finit par s’user.
Scandale sanitaire
En quelques décennies, le nombre de diabétiques dans le monde est passé de 50 millions à 430 millions. Même l’Afrique, qui adopte de plus en plus un mode de vie « à l’occidentale », est touchée, avec 47 millions de diabétiques prévus sur le continent d’ici à vingt ans.
Lire l’enquête : Le diabète, bombe à retardement pour l’Afrique
Le diabète fait souffrir physiquement et économiquement des millions de patients, avec des traitements lourds et coûteux. Mais par voie de conséquence, cette maladie de société à échelle mondiale fait le bonheur de l’industrie pharmaceutique dont les recettes annuelles générées par le diabète explosent.
Aux États-Unis, le prix de l’insuline a été multiplié par dix en dix ans
Trois grands laboratoires dans le monde se partagent près de 99 % du marché des médicaments antidiabétiques : l’américain Lilly, le français Sanofi et le danois Novo Nordisk. La mise au point régulière d’antidiabétiques oraux, traitements à vie onéreux qui permettent éventuellement de garder la maladie sous contrôle mais pas de guérir, rapportent des fortunes aux labos.
Aux Etats-Unis, le prix de l’insuline a été multiplié par dix en dix ans et des millions de patients ne peuvent plus se soigner. En 2007, l’énorme scandale sanitaire de l’Avandia, à l’époque le traitement antidiabétique le plus vendu au monde et responsable d’environ 80 000 accidents cardiaques, avait défrayé la chronique. Comment les terribles effets secondaires de ce médicament ont-ils pu échapper aux systèmes d’évaluation des médicaments ? Réponses dans ce documentaire.
Lire notre archive (2010) : L’antidiabétique Avandia sur la sellette aux Etats-Unis et en Europe
Ancien responsable de la gestapo à Lyon pendant la deuxième guerre mondiale, de 1942 à 1944, Klaus Barbie, est réfugié en Bolivie, avant d’en être expulsé en 1983 à la demande de Paris.
Le quotidien poignant des équipes dévouées et des résidents esseulés d'un Ehpad frappé par la Covid-19. Un documentaire en immersion dans lequel la pandémie crée un effet de loupe sur les conditions de vie indignes de nos aînés.
Mars 2020, à l'Ehpad Furtado-Heine, dans le 14e arrondissement de Paris. "Madame Benichou, on a eu le résultat de votre test. Vous portez le virus du Covid. Il ne faut pas rester dans le couloir, sinon vous allez contaminer les autres résidents", explique Anita Rossi, la directrice, protégée de la tête aux pieds. Son interlocutrice, une vieille dame postée dans le couloir, le dos courbé mais la parole vive, panique à l'idée de rester cloîtrée dans sa chambre. Sur les 120 résidents, 35 sont malades du virus et 8 en sont déjà décédés. Une partie du personnel est en arrêt maladie et l’autre tente tant bien que mal de faire face.
Infinie bienveillance
Pendant trois mois, le réalisateur Éric Guéret et son équipe ont partagé le quotidien de cet Ehpad, de ses employés et de ses résidents. Ce documentaire en immersion raconte l’engagement sans faille de ces héros en blouse blanche, les états que chacun traverse et verbalise tout au long du film, du sentiment de tristesse à celui, plus vertigineux encore, "d'être coupé de ses émotions", sans oublier la peur, le courage, la solidarité et le dévouement. Au milieu de ce chaos infernal, alors que tous les résidents sont enfermés dans leur chambre et privés de visites, les équipes continuent, dans le peu de temps dont elles disposent, de s’occuper des anciens avec une infinie bienveillance. Ce document poignant, où l'épidémie agit comme un révélateur, incite à regarder en face les conditions de vie dans les Ehpad, des lieux où, par manque de moyens, on meurt du virus mais aussi de ce qu'il amplifie : la solitude et l'ennui.
Réalisation :
Eric Gueret
Comment, des ravages du tabac au déni du changement climatique, on instrumentalise la science pour démentir... la science. Une vertigineuse investigation dans les trous noirs de la recherche et de l'information.
Pourquoi a-t-il fallu des décennies pour admettre officiellement que le tabac était dangereux pour la santé ? Comment expliquer qu'une part importante de la population croie toujours que les activités humaines sont sans conséquence sur le changement climatique ? Les pesticides néonicotinoïdes sont-ils vraiment responsables de la surmortalité des abeilles ? Pourquoi la reconnaissance du bisphénol A comme perturbateur endocrinien n'a-t-elle motivé que de timides interdictions ? Au travers de ces "cas d'école" qui, des laboratoires aux réseaux sociaux, résultent tous de batailles planifiées à coups de millions de dollars et d’euros, cette enquête à cheval entre l'Europe et les États-Unis dévoile les contours d'une offensive méconnue, pourtant lancée dès les années 1950, quand la recherche révèle que le tabac constitue un facteur de cancer et d'accidents cardiovasculaires. Pour contrer une vérité dérangeante, car susceptible d'entraîner une réglementation accrue au prix de lourdes pertes financières, l'industrie imagine alors en secret une forme particulière de désinformation, qui se généralise aujourd'hui : susciter, en finançant, entre autres, abondamment des études scientifiques concurrentes, un épais nuage de doute qui alimente les controverses et égare les opinions publiques.
Agnotologie
Cette instrumentalisation de la science à des fins mensongères a généré une nouvelle discipline de la recherche : l'agnotologie, littéralement, science de la "production d'ignorance". Outre quelques-uns de ses représentants reconnus, dont l'historienne américaine des sciences Naomi Oreskes, cette investigation donne la parole à des acteurs de premier plan du combat entre "bonne" et "mauvaise" science, dont les passionnants "découvreurs" des méfaits du bisphénol A. Elle expose ainsi les mécanismes cachés qui contribuent à retarder, parfois de plusieurs décennies, des décisions vitales, comme le trucage des protocoles, voire la fabrication ad hoc de rats transgéniques pour garantir les résultats souhaités. Elle explique enfin, au plus près de la recherche, pourquoi nos sociétés dites "de l'information" s'accommodent si bien de l'inertie collective qui, dans le doute, favorise le business as usual et la consommation sans frein.
Réalisation :
Franck Cuveillier
Pascal Vasselin